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Lettre ouverte de la présidente du Conseil du statut de la femme



À la suite de la lettre de M. Alain Fortier, fondateur de VASAM.ca, publiée dans le journal Le Soleil le samedi 18 janvier 2014, Où est le Conseil du statut de la femme, permettez-moi de revenir sur certains points reprochés au Conseil du statut de la femme. Plus particulièrement, celui de ne pas avoir pris position dans le dossier de Mme Marie-Renée Baillargeon, victime présumée d’agressions sexuelles.

Il est clair que l’auteur de cette lettre a pris connaissance de la mission de notre organisme. Le Conseil est en effet reconnu comme un agent de changement qui fait de la recherche et qui conseille le gouvernement sur les droits des femmes et l’avancement de l’égalité entre les sexes au Québec. Au fil des 40 dernières années, le Conseil s’est prononcé sur un grand nombre d’enjeux afin de défendre collectivement les femmes, et favoriser leur droit à la liberté et à la sécurité. Par des recherches et des avis, il a contribué à stimuler la réflexion et à faire avancer l’égalité entre les femmes et les hommes au Québec.

Sur l’enjeu de la violence envers les femmes, plus précisément sur les agressions à caractère sexuel, le Conseil a pris position à maintes reprises. Par l’entremise de différents avis, il a plaidé pour que soit reconnue la gravité des agressions, pour que les victimes aient accès à des ressources adéquates ou pour que les lois tiennent compte de la réalité des victimes (en abolissant le délai de prescription, par exemple). Les prises de position de l’organisme, combinées aux revendications des organismes militants, ont certainement contribué à susciter l’intervention gouvernementale en matière d’agressions à caractère sexuel.

Récemment, comme le soulignait monsieur Fortier, le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de l’Estrie est intervenu publiquement pour soutenir madame Baillargeon. À la différence des organismes qui agissent sur le terrain, et dont la mission est d’offrir un service d’aide aux femmes et aux adolescentes victimes d’agressions à caractère sexuel, le Conseil du statut de la femme n’intervient pas directement auprès des victimes. Pas plus qu’il ne peut commenter un cas spécifique, qui fait l’objet d’une enquête judiciaire.

Le Conseil est solidaire de toutes les victimes de violence conjugale ou d’agressions sexuelles. Il s’indigne contre le fait que la majorité des agressions à caractère sexuel sont commises envers des femmes (83 % des victimes),1 que ces crimes demeurent parmi les crimes les moins dénoncés, et que le parcours auquel font face les victimes est encore parsemé d’obstacles. Et malheureusement, la crédibilité des victimes est souvent mise en doute.

De grandes améliorations ont été apportées à notre système de justice depuis les dernières décennies concernant le traitement réservé aux victimes d’agressions sexuelles, les dispositions légales permettant de punir la violence sexuelle, tout autant que la crédibilité accordée à la parole des victimes. Il faut continuer de réfléchir à la nécessité d’instaurer des mesures qui inciteront les victimes à porter plainte et de promouvoir une culture de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Il est prouvé que les cas médiatisés ont un impact sur la propension des victimes à dénoncer ou non leur agresseur. Le Conseil du statut de la femme souhaite que ce cas-ci n’encourage pas d’autres victimes à garder le silence, au contraire.

La présidente,

Julie Miville-Dechêne


  • 1 Source : Infractions sexuelles au Québec : faits saillants 2012, ministère de la Sécurité publique, 2013.

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