Le Conseil réagit au dépôt du projet de loi fédéral sur la prostitution : un changement législatif historique
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CNW : code 01
GQM : 00660
Québec, le 4 juin 2014 — Le Conseil du statut de la femme accueille favorablement le
projet de loi du gouvernement fédéral sur la prostitution qui criminalise l’achat de services
sexuels en proposant de cibler les clients et les proxénètes plutôt que les personnes
prostituées. Le Canada s’inspire ainsi du modèle suédois, mais sans aller aussi loin dans la
décriminalisation des personnes prostituées, considérées en Suède comme des victimes
de la violence des hommes comme groupe. Le gouvernement fédéral reconnaît
que la prostitution n’est pas un choix pour la vaste majorité des personnes prostituées,
mais une forme d’exploitation à l’égard des femmes et une atteinte à la dignité humaine,
comme le Conseil le documentait dans son avis La prostitution, il est temps d’agir paru en
2012.
Toutefois, le Conseil s’inquiète du fait que le gouvernement fédéral veuille restreindre la
prostitution dans les lieux publics, en interdisant toute sollicitation là où des jeunes de
moins de 18 ans circulent. Cela signifie que les personnes prostituées de rue, déjà les plus
vulnérables dans toutes celles qui offrent du sexe tarifé, seraient susceptibles
d’être pénalisées. Nous souhaitons que cette disposition soit retirée du projet de loi.
« En s’inspirant du modèle suédois, le Canada se joint au petit groupe de pays les plus avant-gardistes en la matière – France, Norvège, Islande – des pays qui tentent de limiter la demande des clients pour le sexe tarifé car ils y voient une exploitation des femmes et une atteinte à l’égalité des sexes », a déclaré la présidente du Conseil du statut de la femme, Mme Julie Miville-Dechêne. La cohérence du modèle suédois réside dans le fait qu’en plus d’interdire l’achat de services sexuels, une série de mesures sociales visant à aider les femmes à sortir de la prostitution sont mises en place. Pour que la loi canadienne entraîne de véritables changements, il est primordial d’agir également sur le plan social, estime le Conseil. D’ailleurs, l’organisme rappelle que dans le plan d’action pour l’égalité entre les femmes et les hommes, qui arrive à échéance en 2015, le gouvernement du Québec s’est engagé à venir en aide aux femmes qui veulent quitter le milieu de la prostitution et à sensibiliser la population pour prévenir l’exploitation sexuelle. Il est plus que temps de mettre en œuvre cette mesure.
« À long terme, ce que nous souhaitons, c’est que l’achat de services sexuels ne doit plus être perçu comme socialement acceptable dans la population et particulièrement auprès des hommes. », a soutenu la présidente. Dans cette optique, il faut mettre en place rapidement des services sociaux pour aider les personnes qui le souhaitent à sortir des rouages de la prostitution : des maisons d’hébergement, des services de désintoxication, de l’aide psychologique adaptée, de l’accompagnement pour la réinsertion sociale et économique, de l’aide juridique, etc. De tels services devront aussi tenir compte des besoins particuliers des femmes autochtones qui sont surreprésentées dans la prostitution. Il faut également des campagnes de sensibilisation pour décourager l’achat de services sexuels en démontrant les préjudices qui découlent de la prostitution. Il est important de responsabiliser les clients pour que la demande diminue.