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Entrepreneuriat féminin : rebondir en temps de crise

Cet article présente quelques faits saillants qui se dégagent de la deuxième édition de l’Enquête canadienne sur la situation des entreprises menée par Statistique Canada. Cette édition porte sur la situation des entreprises en mai 2020, au moment où elles reprenaient graduellement leurs activités. On peut lire ici l’analyse de la première édition, qui rendait compte de leur situation en mars 2020.

Cette analyse de données est enrichie des commentaires de Sévrine Labelle, présidente-directrice générale de Femmessor, interrogée aux fins de la préparation du présent article.

En mai 2020, alors que la capacité des entreprises d’exercer leurs activités est mise à rude épreuve par la crise liée à la COVID-19, celles qui appartiennent à des femmes font preuve d’agilité et d’adaptabilité. Des qualités déterminantes quand le contexte exige des solutions rapides et novatrices.

Publié le 30 septembre 2020

Certaines entreprises ont dû embaucher du personnel additionnel pour respecter les mesures sanitaires requises. C’est notamment le cas de celles qui exercent leurs activités dans les services essentiels et, en particulier, dans le domaine agroalimentaire comme les fromageries et les boulangeries, où l’on compte un grand nombre d’entreprises appartenant à des femmes.

Des difficultés qui persistent

Selon l’Institut de la statistique du Québec, en mai 2020, par rapport à l’ensemble des entreprises québécoises, celles qui sont détenues par des femmes étaient plus nombreuses, en proportion, à avoir dû embaucher plus de personnel en raison de la COVID-19 (14 % contre 6 % pour l’ensemble des entreprises). Le maintien ou l’augmentation du personnel était prévu dans une majorité d’entre elles (86 %) pour la période s’étendant de juillet à septembre 2020. Or, l’embauche de personnel en temps de crise augmentait les probabilités de pertes de revenus.

Savoir s’adapter

Lors d’une crise économique, l’innovation s’avère souvent nécessaire pour maintenir les activités et les revenus de l’entreprise. Une étude de Statistique Canada révèle que les entreprises détenues par des femmes ont justement fait preuve d’innovation pendant les premiers mois de la pandémie. Au Québec, le virage numérique s’est accéléré pour répondre à la vague d’achat local, déjà amorcée avant la crise, mais accentuée depuis. Des initiatives comme Le Panier Bleu ou Le Panier Rose mettent de l’avant les produits du Québec dans des secteurs économiques largement occupés par des femmes.

« Les femmes sont vraiment résilientes et elles sont nombreuses à avoir pris ou accéléré le virage numérique. Pour certaines, les résultats vont au-delà de mes espérances. »

Sévrine Labelle, présidente-directrice générale de Femmessor

Par exemple, pour s’adapter aux conditions liées à la pandémie de la COVID-19, les entreprises à propriété féminine ont eu plus tendance à :

  • modifier leurs produits ou services (40 % contre 28 % pour l’ensemble des entreprises);
  • accroître l’usage des connexions virtuelles à l’interne (38 % contre 25 %);
  • adopter de nouvelles façons d’interagir avec la clientèle – ex. : ramassage sans contact, distanciation physique entre le personnel et la clientèle – (62 % contre 53 %);
  • augmenter leurs coûts d’entretien (41 % contre 28 %).

Pour faire face à la crise, les entrepreneures ont fait preuve de beaucoup d’agilité. Selon Statistique Canada, 94 % des entreprises détenues par des femmes comptent moins de 20 employé·e·s. La taille des entreprises qui appartiennent à des femmes pourrait avoir facilité les choses, car il est d’autant plus aisé de réagir rapidement à des événements inattendus qu’un petit nombre de personnes est concerné. En revanche, les moyens financiers des petites entreprises peuvent être moins solides, les rendant potentiellement plus vulnérables aux imprévus.

Une aide gouvernementale cruciale

Les gouvernements fédéral et provincial ont mis en place de nombreux programmes de soutien aux entreprises qui ont, ni plus ni moins, sauvé plusieurs d’entre elles. Selon le sondage réalisé par Femmessor en avril auprès de 1 080 entreprises à propriété féminine, le programme québécois d’aide financière pour la formation des employés (PACME) figure parmi les plus populaires auprès des répondantes.

« Elles ont vu là une occasion de former leurs employé·e·s, de leur offrir un salaire en même temps, d’augmenter leurs compétences pour pouvoir innover et de se préparer pour le futur. Je trouve ça brillant qu’elles en aient bénéficié autant. »

Sévrine Labelle

Selon l’enquête de Statistique Canada, les entreprises à propriété féminine sont plus susceptibles d’avoir reçu l’approbation de leurs demandes de financement ou de crédit provenant de programmes du gouvernement provincial ou des administrations municipales (13 % contre 4 %). D’après la présidente-directrice générale de Femmessor, cette différence peut s’expliquer par la plus grande facilité, pour les entreprises détenues par des femmes, à faire affaire avec un réseau de proximité et ainsi bénéficier des services offerts par les centres locaux de développement et les municipalités régionales de comté.

Pour une vision à long terme

Avec le déconfinement, la plupart des entreprises détenues par des femmes ont pu reprendre leurs activités. Mais celles qui interviennent dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration et des services à la personne sont en situation « de pure survie ». Les emplois dans ces secteurs sont généralement moins bien rémunérés, ce qui occasionne un recours accru à la Prestation canadienne d’urgence et accentue le défi d’attirer la main-d’œuvre. D’où l’importance de faire preuve d’innovation.

« Si c’est bien réfléchi, le pivot entrepreneurial généré par la crise peut apporter une occasion pour l’entrepreneure à moyen et à long terme.  »

Sévrine Labelle

Une subvention a récemment été octroyée à l’organisme Femmessor pour qu’il puisse mieux soutenir les entrepreneures en temps de crise. Entre autres, des services-conseils leur seront offerts pour prendre le virage numérique, que ce soit en vue de développer la vente en ligne ou des stratégies de marketing numérique pour accroître leur visibilité et leur rayonnement.

Lire aussi : L’entrepreneuriat féminin en mode survie

Ce contenu a été préparé par Marie-Hélène Provençal avec la collaboration d’Elizabeth Perreault du Conseil du statut de la femme.

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