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Magazine GF ⬝ Novembre-Décembre 2022



Mon corps, mes choix, mes droits

« Si les hommes devenaient enceintes, l’avortement serait accessible au guichet du coin. » Ces mots, brandis par une manifestante à Washington, résonnent telle une banalité a priori imperturbable : le corps des femmes est politique. Dans l’espace public comme privé, le corps féminin est un objet de pouvoir et d’appropriation, un sujet d’aliénation et de gouverne. Pourtant, ce corps s’affirme aussi comme une force puissante d’émancipation, un espace de liberté et de droits, à revendiquer sans relâche comme autant d’acquis précieux. Au Québec et ailleurs, la lutte pour la souveraineté du corps, sans cesse fragilisée, demeure au cœur des engagements féministes.

En 1988, la Cour suprême du Canada décriminalise l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans un jugement sans appel : « Forcer une femme, sous la menace d’une sanction criminelle, à mener le fœtus à terme […] est une ingérence profonde à l’égard de son corps et donc une atteinte à la sécurité de sa personne. » Dans les faits, le chemin des femmes qui décident de recourir à des services d’IVG est pavé d’entraves. Dans un texte éclairant, la journaliste Sabrina Myre montre que la plus grande menace au droit à l’avortement reste son accessibilité, même au Québec, où le nombre de cliniques est pourtant le plus élevé au pays.

Ces restrictions d’accès à l’IVG sont bien réelles dans plusieurs pays. Aux États-Unis par exemple, chaque État peut désormais décider d’en légaliser ou non l’accès sur son territoire. Au Mexique, au Brésil ou en Pologne, le recours à IVG est limité aux cas où la vie ou la santé de la femme sont menacées. D’autres pays, comme le Salvador, le Sénégal ou encore Malte, l’interdisent toujours complètement. Diane Cacciarella explique comment ces reculs multiples de l’IVG dans le monde menacent la santé, les droits et la vie des femmes… tout en renforçant les inégalités entre les femmes elles-mêmes.

Le suivi gynécologique est une injonction marquée, une socialisation profondément associée à la norme contraceptive, à la grossesse et à la prévention. Dès la puberté ou leur entrée dans la vie sexuelle active, des millions de femmes sont soumises toute leur vie à un suivi médical régulier, en dépit de toute maladie. Dans un essai récent intitulé La norme gynécologique – Ce que la médecine fait au corps des femmes, la sociologue et militante féministe Aurore Koechlin a voulu comprendre cette norme, d’autant plus forte qu’elle est invisible. Un compte rendu de Cécile Calla.

Dans le registre des préceptes universels, la prescription conjugale occupe une place de choix, pour des considérations tant culturelles que personnelles. « On attend que ce soit l’autre qui nous fasse grandir, qui nous complète, qui vienne combler nos manques, comme si l’équilibre ne pouvait être atteint qu’à deux. » Ce postulat est celui de la journaliste française Marie Kock qui, dans son essai Vieille fille, déconstruit l’archétype sexiste de la femme célibataire. Peut-on envisager de vivre seule, joyeuse et épanouie? C’est l’hypothèse de l’autrice, qui affirme que « ne plus attendre l’amour, c’est d’abord se reposséder ». Hélène Mercier s’est entretenue avec Marie Kock, une femme de convictions pour qui le célibat n’est pas une salle d’attente!

« J’ai fait le saut comme accompagnante parce que ça rejoignait deux de mes amours : le soin, mais aussi le côté politique et féministe. Parce que oui, c’est politique de s’engager et d’accompagner les femmes dans leur expérience d’accouchement. Être informée et connaître ses droits, c’est garder son pouvoir et ainsi ne pas subir des interventions non désirées. » En donnant la parole à une amie chère, la chroniqueuse Léa Clermont-Dion déconstruit la vision naturaliste et le « dévouement sacrificiel », des perceptions toujours accolées aux accompagnatrices à la naissance. Discussion sur un travail invisible, qui contribue à assurer l’autonomie décisionnelle des femmes.

La transphobie s’exprime dans tous les milieux. Elle n’épargne pas les cercles féministes, ni même certaines sphères LGBTQ. Parmi les manifestations plurielles du féminisme actuel, le transféminisme s’appuie sur les réalités des personnes victimes de transmisogynie. L’approche transféministe s’inscrit au sein d’un discours inclusif et d’équité sociale, qui mise notamment sur l’autonomie corporelle et identitaire. La journaliste Mélina Nantel s’est entretenue avec Celeste Trianon et Florence Ashley, qui militent pour la libération du genre. Une perspective intersectionnelle, qui conjugue féminismes et transidentité.

Un dossier à lire dans le magazine Gazette des femmes!

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