Magazine GF ⬝ Mai 2023
Composer sa famille
Haut lieu d’émancipation pour certaines, zone d’inégalité ou institution oppressive pour d’autres, la famille est au confluent de la réflexion féministe. Par-delà sa dimension législative et juridique – et son arbitrage essentiel avec la sphère professionnelle –, la famille actuelle se diversifie, se transpose, se redéfinit. Cette transformation de la structure familiale dite traditionnelle multiplie les réalités parentales et, partant, la configuration des rôles. Si l’égalité au sein du couple demeure l’assise sine qua non de la famille, l’évolution de ses modèles incite à la réflexion en vue d’y assurer le juste intérêt des femmes. Un dossier présenté dans le cadre du 50e anniversaire du Conseil du statut de la femme!
Certes, la marche des femmes vers l’égalité bouleverse les relations qu’elles entretiennent avec leur partenaire, mais elle appelle aussi à une redéfinition salutaire du couple, de la parentalité et de la famille. Jadis immuable, celle-ci repose maintenant sur des plaques tectoniques mouvantes. Au cœur de la réalité, les femmes tentent de conjuguer un attachement profond à leur famille, avec leurs aspirations à l’autonomie et à l’égalité.
– Diane Lavallée (1999)
Présidente du Conseil du statut de la femme (1999 à 2006)
La famille biparentale classique ne s’impose plus comme la norme. La diversification des modèles familiaux tend à recadrer les rôles parentaux, dont certains à l’étiquette sociale parfois figée. Comme celui de la belle-mère. Alors que le droit de la famille au Québec ne mentionne ni la recomposition ni la beau-parentalité, de nombreuses femmes portent fièrement leur identité de belle-mère. La journaliste Hélène Mercier nous parle de ces femmes investies qui souhaitent projeter un modèle engagé et positif de la belle-mère d’aujourd’hui.
Malgré les pensions alimentaires et les allocations diverses, une séparation contribue souvent à creuser les inégalités de revenus entre les parents, généralement au préjudice des femmes. Au Québec, de nombreuses familles monoparentales ou recomposées font face à des embûches financières, qui trouvent parfois leur source dans la fiscalité. Miriane Demers-Lemay discute du défi fiscal de ces familles, dont les réalités multiples ne cadrent souvent plus avec les mesures existantes.
Jusqu’à récemment, nombreuses étaient les barrières légales et sociales pour les couples de même genre qui souhaitaient fonder une famille. En 2002, le projet de loi québécois no 84 permet enfin la reconnaissance de la filiation entre deux parents de même genre et leurs enfants. Si la procréation assistée demeure pour ces couples la méthode la plus largement préconisée, l’adoption comme voie d’accès à la parentalité se démocratise peu à peu. L’adoption comme projet homoparental? Un texte de Mélina Nantel, sur un modèle familial qui grandit.
Depuis 1978, Louise Brissette dédie sa vie aux enfants handicapés. « Pour moi, le cœur n’est jamais handicapé », raconte la maman de… 37 enfants! Sabrina Myre s’est invitée chez la famille hors norme de Louise Brissette, dans une maison grouillante de vie où l’entraide et l’écoute tissent le clan serré. « La vie est faite pour être partagée », dit avec simplicité la dame de 77 ans… qui ne ferme pas la porte à une autre adoption si l’occasion se présentait.
Les 8 et 9 mai derniers, à l’occasion du 90e Congrès de l’Acfas, le Conseil du statut de la femme était l’hôte du colloque L’égalité entre les femmes et les hommes au Québec : entre avancées et enjeux persistants. Réunissant des chercheuses et des chercheurs d’horizons disciplinaires multiples, l’événement était l’occasion d’explorer l’évolution des conditions de vie des femmes depuis 50 ans. Une rencontre inédite, présentée dans le cadre du 50e anniversaire du Conseil.
Marie Soleil Dion est diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Elle se taille rapidement une place dans le cœur du public, en s’illustrant autant comme comédienne que comme animatrice. Marie Soleil Dion travaille actuellement au tournage du documentaire Les héritières, un projet phare du 50e anniversaire du Conseil. La comédienne nous y convie à la rencontre de pionnières et de leurs contemporaines qui, sans relâche, tracent la voie d’un Québec égalitaire et inclusif. Elle répond aujourd’hui à nos cinq questions.
Enfin, à l’occasion des 50 ans du Conseil, le magazine Gazette des femmes passe le bâton de parole aux jeunes. L’objectif? Recueillir les aspirations, les préoccupations et les rêves d’une génération montante, d’une jeunesse engagée qui pose un regard lucide sur les réalités complexes qui la touchent. Justine Duval a 20 ans. Elle est finissante en arts visuels au Cégep Limoilou. En parallèle à sa pratique, elle se dévoue au comité féministe du cégep, où elle sensibilise la population à l’émancipation des femmes. Justine partage avec nous les valeurs familiales qui l’animent et la font briller.
Bonne lecture!
Un dossier à lire dans le magazine Gazette des femmes!
Illustration : © Nadia Morin