Conseil du statut de la femme
À l’occasion des 12 journées d’action contre les violences faites aux femmes, l’équipe du Conseil vous propose douze tableaux, douze visages d’une même réalité : l’hostilité en ligne. Propos sexistes et dégradants, harcèlement sexuel, pornographie de vengeance, diffamation, sextorsion, slut‑shaming, menaces de viol, menaces de mort sont autant de manifestations d’une violence particulièrement néfaste pour les femmes. Véritable fléau, l’hostilité en ligne s’insinue dans la vie intime, professionnelle et publique.
Pour mesurer l’ampleur de ses conséquences et cesser sa banalisation, découvrez, jour après jour, un nouveau récit inspiré de faits réels.
Du 25 novembre au 6 décembre, visitez quotidiennement la page Web du CSF pour connaître un récit inédit… aux contours sexistes.
Tu es une gameuse redoutable, ça, tout le monde le sait. Aujourd’hui, tu te bats pour le titre de championne nationale. Quand tu te connectes aux groupes de discussion, c’est instantané. Un gamer te dit que tu n’es pas à ta place. Que tu devrais retourner à tes chaudrons. Au début, tu l’ignores. Puis ça se transforme en menaces de mort. Tu pourras pas te cacher longtemps : je vais trouver où t’habites. Tu te mets à avoir sérieusement peur.
Refusons cette violence!
Tu viens de publier un article sur la place des femmes dans les postes de haute direction. Tu en es particulièrement fière. Tu écris un tweet pour inviter les gens à le lire. Aussitôt, un internaute suggère que tu manques d’expérience, de professionnalisme. D’autres en rajoutent. Quelqu’un au pseudonyme étrange t’accuse de n’être qu’une « féministe frustrée ». Tu bloques les profils, un à un, mais le mal est déjà fait. C’est comme s’ils avaient ruiné ta crédibilité.
Ton bureau saccagé, les pneus de ta voiture, crevés. Jamais tu n’aurais cru que devenir conseillère municipale serait à ce point dangereux. Plusieurs de tes collègues t’avaient mise en garde contre les nombreuses attaques, insultes, remarques sexistes dont tu risquais d’être la cible. Tu ne pouvais imaginer que le climat toxique qui règne sur les réseaux sociaux se transformerait en actes de vandalisme. Le pire, c’est l’anonymat derrière lequel se cache ton agresseur. Comment faire pour le démasquer, sans attiser sa haine?
Tu croises une vague connaissance de plus en plus souvent au café du coin. Tu essaies de te convaincre que ce n’est pas très grave. Il a bien le droit, comme tout le monde, de s’acheter un latte. Mais plus les semaines passent, plus tu te rends compte qu’il espionne le moindre de tes déplacements. Hier, tu as posté une photo de tes amies et de toi sur Facebook alors que vous reveniez d’un show de musique. Quinze minutes plus tard, il t’envoyait un Messenger pour te dire qu’il t’avait vue là-bas, décrivant ta tenue de façon beaucoup trop détaillée.
Ta mère croit que tu es malade. C’est ce que tu lui as dit pour ne pas avoir à te présenter à l’école. Tu te sens prise au piège dans ta propre chambre. Jamais tu ne t’es sentie aussi humiliée. Des images de ton corps nu circulent sur le Web, des images que seul ton ex avait en sa possession. Tu ne comprends pas comment il a pu agir ainsi. Comment il a pu trahir votre intimité. Maintenant, tu n’as plus qu’une envie : disparaître.
Ça a commencé par des appels anonymes. Je suis votre plus grand fan. Votre conjoint a de la chance de vous avoir. Je pourrais être votre chauffeur personnel. Des messages que tu as tenté d’ignorer, trop occupée à préparer ta prochaine tournée. Puis ça s’est intensifié. L’homme t’a envoyé des dizaines de courriels, dans lesquels il se faisait de plus en plus insistant : Je pense à vous tout le temps. Jusqu’à ce qu’il te menace de viol. C’est la première fois que tu crains autant pour ta sécurité.
Ta vidéo sur Tik‑Tok est pas mal populaire. On dirait même que tu vas dépasser les 1 000 likes. Tu te trouves ben chanceuse d’avoir pu porter les vêtements de ton amie designer, conçus pour les filles et les femmes de toutes les tailles. Mais ta joie s’éteint vite quand une de tes followers te transmet un montage de toi qu’un homme fait circuler sur Instagram, te montrant en baleine échouée. Une belle grosse prise, peux-tu lire sous la photo.
Tout le monde sait que tu trippes dessus depuis la 3e année. Tu pensais l’avoir oublié, mais quand tu reçois sa demande d’ajout d’ami sur Snapchat, tu te rends compte que c’est pas vraiment le cas. Au début, vous vous échangez des images truquées, vous vous trouvez ben drôles. Pis, plus ça va, plus vous vous dégênez. Ton kick t’envoie une photo de lui torse nu en t’invitant à faire pareil. Tu hésites un peu, pis tu finis par l’imiter. Il insiste maintenant pour voir le reste. Tu te sens pas à l’aise d’aller jusque-là. Tu lui fais savoir. Après un temps, il te dit qu’il va publier ta photo sur le groupe Facebook de l’école si tu lui montres pas ce qu’il veut.
Tu sens que ta présence au sein du comité de direction dérange. Des remarques à peine voilées sur ton présumé manque de leadership, ou encore sur ton décolleté que certains semblent juger trop « plongeant ». Cette fois, la goutte de trop survient lorsque tu apprends que des commentaires désobligeants circulent à ton propos sur la messagerie interne de l’entreprise. Apparemment, tout le comité s’amuse à te comparer aux actrices de films pour adultes tout en insinuant que tu as eu ton poste à cause de ton apparence.
Tu rentres d’une soirée entre copines. Ça faisait longtemps que tu t’étais pas amusée comme ça. Tu es en train de regarder les photos que vous avez prises, quand ton copain te texte pour te faire part de son envie de te voir. En d’autres circonstances, tu aurais sauté sur l’occasion, mais en ce moment, tu es assez fatiguée. Je préfère qu’on remette ça. C’est là qu’il commence à t’écrire que tu as toujours de bonnes excuses pour l’éviter, que tu l’aimes pas assez, que tu vois sûrement quelqu’un d’autre. Les messages s’accumulent, accusateurs, mensongers. Il te texte qu’il s’en vient te trouver. Tu ne sais plus si tu dois fuir ou rester.
L’autre jour, tu as osé dénoncer sur les réseaux sociaux une situation de harcèlement que tu as vécue au travail. Tu as voulu montrer que des commentaires à caractère sexuel, même formulés dans le but d’être drôle, ne devraient jamais être tolérés. Plusieurs femmes t’ont félicitée pour ton courage. Mais tu as vite compris qu’il restait encore beaucoup de chemin à faire quand un homme a subtilement insinué que tu l’avais sûrement cherché, étant donné la façon dont tu t’habilles.
Vous passez un bon moment entre filles, autour d’un copieux repas. Au dessert, tu leur confies ton malaise de plus en plus grandissant devant la multiplication de tweets haineux dès que tu prends le micro. Et ta frustration quand tes collègues te disent de les ignorer. L’une de tes amies avoue qu’elle a elle aussi été la cible de propos misogynes sur le groupe Facebook de l’équipe de hockey féminine dans laquelle elle joue. Une autre vous parle de ses étudiants, qui prenaient un malin plaisir à lui attribuer des « notes » sur son physique sur le site de clavardage du cours.
Enracinée dans le sexisme et la misogynie, l’hostilité en ligne est tout sauf banale. Selon des données du ministère de la Sécurité publique, les femmes sont surreprésentées parmi les victimes de harcèlement criminel en ligne (87 % en 2019) et de publication non consensuelle d’images intimes en ligne (74 % en 2019).
Vous voulez en savoir plus sur le sujet? Lisez l’étude du CSF L’hostilité en ligne envers les femmes.
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