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Perspectives et défis

Maude Tremblay

La trajectoire professionnelle de Maude Tremblay en production bovine à titre de propriétaire unique rompt avec le modèle traditionnel formé d’un couple. En tant qu’agricultrice autonome, la jeune productrice bovine de La Matapédia acquiert beaucoup de visibilité et de reconnaissance professionnelle dans divers espaces agricoles. Néanmoins, son parcours laisse transparaître la persistance de certaines représentations sociales sexistes liées à la pratique agricole.

Maude a dû faire preuve de ténacité et de combativité pour obtenir la confiance de ses pairs en raison de certaines croyances bien ancrées dans l’imaginaire collectif et, surtout, fortement associées à la masculinité. C’est le cas de la force physique et des connaissances en mécanique encore perçues comme indispensables pour travailler en agriculture.

Audrey Bogemans

Le parcours d’Audrey Bogemans, qui est engagée avec son mari dans un transfert de ferme apparenté dans le secteur des grandes cultures en Montérégie, met en lumière la détermination d’une jeune entrepreneure, élue à la tête de la chambre de commerce de sa région, tout en dévoilant le caractère fragile d’une identité professionnelle construite dans un milieu encore façonné par des attentes plutôt traditionnelles à l’égard du rôle des femmes et des hommes.

L’expérience d’Audrey soulève aussi la question de la conciliation travail-famille encore majoritairement prise en charge par les femmes de manière générale, enjeu souvent mentionné dans la littérature sur les femmes en agriculture.

Véronique Bouchard

Enfin, la trajectoire professionnelle de Véronique Bouchard met en exergue certains défis liés à la production maraîchère sur petites surfaces, notamment l’achat de parcelles de terre à partir du morcellement de terres agricoles et la mondialisation de l’industrie qui enjoint aux propriétaires de petites exploitations de concurrencer des entreprises d’envergure internationale. Certains réflexes découlant d’une socialisation différente des femmes et des hommes influent aussi sur la division du travail sur cette ferme.

La situation de Véronique montre que le développement d’une conscience féministe et l’adoption de certaines pratiques égalitaires ne sont pas les seuls facteurs garants de la réduction des inégalités de sexe. Il importe de mieux comprendre les effets de la socialisation de genre pour débusquer les mécanismes invisibles aux yeux de la majorité et qui perpétuent les discriminations liées au sexe.

temporaire

Constats

Maude Tremblay, Audrey Bogemans et Véronique Bouchard évoluent dans un espace agricole à la fois analogue à celui de la génération qui les a précédées et en même temps différent de ce dernier.

Leur situation respective montre une certaine constance en matière de division du travail. Les hommes occupent des responsabilités techniques, alors que les femmes se consacrent à la gestion et au volet relationnel de l’exploitation. Elles assument en outre l’essentiel du travail domestique et parental de même que la charge mentale qui y est associée.

Par ailleurs, qu’elles soient établies en solo ou en couple, ces agricultrices de la relève sont conscientes de la nécessité d’être visibles dans leurs communautés afin d’être reconnues, et elles s’engagent dans cette voie. En cela, elles contribuent sans doute à l’évolution des mœurs en cours dans l’espace agricole.

La poursuite de cette recherche permettra de prendre plus justement la mesure de la transformation des inégalités entre les femmes et les hommes dans différents secteurs de production agricole grâce aux propos d’une vingtaine d’agricultrices de la relève qui ont participé à cette recherche empirique. Les résultats de cette analyse seront publiés ultérieurement dans un avis du Conseil.