Publié le 1er juin 2023
Les femmes ont été particulièrement touchées par les pertes d’emploi survenues au début de la pandémie, en raison de leur surreprésentation dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration ainsi que dans les emplois des ventes et des services. Trois ans plus tard, alors que les effets de la pandémie se résorbent progressivement, où en sommes-nous? Les femmes se repositionnent-elles avantageusement sur le marché du travail, dans le contexte de la relance économique et de la pénurie de main-d’œuvre? Les données de 2022 fournissent un portrait nuancé de la situation.
Au début de la pandémie, le nombre de femmes actives sur le marché du travail a chuté radicalement, et ce, de façon nettement plus marquée que chez les hommes. La situation s’est toutefois améliorée progressivement, si bien que le nombre de femmes actives sur le marché du travail en 2022 dépasse celui observé en 2019 (figure 1). La même tendance se manifeste en ce qui concerne le nombre de femmes en emploi (figure 2).
Par ailleurs, les pertes d’emploi survenues au début de la pandémie étaient particulièrement lourdes chez les femmes occupant un emploi à temps partiel. Or, la reprise observée en 2021 et en 2022 se révèle plus soutenue dans les emplois à temps plein, de sorte que le nombre de femmes en emploi à temps partiel décroît sensiblement au cours de la période (- 29 600 de 2019 à 2022) (figures 3 et 4).
Les pertes d’emploi survenues au début de la pandémie ont été très lourdes dans le secteur de l’hébergement et de la restauration ainsi que dans les professions des ventes et des services, touchant particulièrement des femmes. Bien que le nombre d’emplois dans ces deux catégories ait augmenté en 2021 et en 2022, il reste largement en deçà du niveau observé en 2019. De fait, le secteur de l’hébergement et de la restauration affiche une perte de 35 000 emplois de 2019 à 2022, et celui des professions des ventes et des services, une perte de 74 800 emplois (tableau 1).
En revanche, d’autres secteurs enregistrent une croissance au cours de la période. Les femmes ont ainsi investi d’autres emplois, parfois provisoirement, parfois de façon plus continue. Parmi les secteurs dans lesquels leur nombre est en augmentation en 2021, mais en légère diminution en 2022, on trouve :
Trois secteurs se distinguent par une croissance continue du nombre de femmes en 2021 et en 2022, en plus d’une augmentation de la représentation des femmes :
Le salaire horaire moyen est en hausse de 2019 à 2022, et ce, dans tous les secteurs et groupes professionnels. Cette augmentation bénéficie tant aux femmes qu’aux hommes (+ 5,6 % pour les femmes et + 5,3 % pour les hommes) (tableau 2), mais elle demeure en deçà de celle de l’indice des prix à la consommation (+ 6,7 % en 2022). C’est donc dire que les salaires ont augmenté plus lentement que le coût de la vie.
De plus, certains secteurs profitent moins que d’autres de cette hausse salariale (tableau 2) et présentent même un écart salarial grandissant entre les femmes et les hommes (tableau 3). Ainsi, en 2022, les écarts salariaux sont particulièrement élevés dans le secteur de la construction (20,7 %) et celui des services professionnels, scientifiques et techniques (18,4 %) (tableau 3).
En revanche, des gains pour les femmes s’observent notamment dans les deux secteurs suivants à prédominance masculine (tableau 1) :
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En somme, la situation des femmes sur le marché du travail paraît plus avantageuse en 2022 qu’avant la pandémie, en raison du fléchissement des emplois à temps partiel et de la hausse des salaires. L’augmentation de l’écart salarial entre les femmes et les hommes dans certains secteurs et le contexte d’inflation viennent toutefois assombrir l’état de la situation.
Ce contenu a été préparé par Thomas Blouin et Mélanie Julien du Conseil du statut de la femme.