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La santé mentale des femmes en temps de pandémie

Selon une récente étude de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 15 % de la population québécoise rapporte vivre une détresse psychologique importante depuis le début de la crise. C’est sept fois plus qu’en temps normal. Colère, impuissance, tristesse, stress sont autant de symptômes susceptibles d’affecter davantage la population. Or, les femmes semblent plus touchées que les hommes.

Publié le 28 mai 2020

L’étude de l’Institut Vanier menée au Canada révèle que, depuis le début du confinement, plus de femmes que d’hommes disent éprouver souvent ou très souvent de la nervosité ou de l’anxiété (54 % contre 39 % chez les hommes), de la tristesse (52 % contre 37 %), de l’irritabilité (43 % contre 34 %) et des difficultés à dormir (41 % contre 30 %).

Il faut dire que la santé mentale des femmes se porte généralement moins bien que celle des hommes. En 2018, au Canada, 66 % des femmes et 71 % des hommes disaient avoir une excellente ou une très bonne santé mentale. Or, l’écart entre les hommes et les femmes se creuse pendant la crise, passant de 5 à 11 points de pourcentage. La situation s’observe aussi à l’échelle du Québec : selon une étude de l’Observatoire de la consommation responsable menée à la fin avril, les femmes sont plus anxieuses que les hommes durant la pandémie, comme le démontre l’indice d’anxiété de 50 % chez les femmes contre 43 % chez les hommes. Comment s’explique cet écart?

La pandémie : un amplificateur des iniquités entre les femmes et les hommes

Le partage inéquitable des tâches domestiques et familiales, qui se sont accrues avec la fermeture des garderies et des écoles, ainsi que la charge mentale davantage assumée par les femmes, ne sont pas étrangers à de tels écarts. Comme le soutient l’Organisation mondiale de la santé, l’exposition accrue des femmes à des problèmes de santé mentale doit être mise en relation avec les multiples rôles et responsabilités qu’elles assument. Danielle Maltais, professeure en travail social à l’Université du Québec à Chicoutimi, observe dans La Presse+ que les femmes veillent souvent au bien-être collectif lors d’évènements traumatiques comme des inondations ou la tempête de verglas qui a eu lieu au Québec en 1998. Par exemple, elles s’inquiètent davantage de la sécurité des enfants et du soutien émotif à offrir à leurs parents ou beaux-parents. La tendance se reproduit avec la pandémie actuelle : les femmes canadiennes sont plus préoccupées par la COVID-19 que les hommes selon l’étude d’Angus Reid.

Le stress lié à l’exposition au virus

Les femmes sont surreprésentées dans le secteur de la santé et des services sociaux de même que dans ceux liés à plusieurs services essentiels comme les services de garde, les épiceries et les pharmacies, des emplois qui se révèlent plus stressants que jamais en raison de l’exposition au virus. Des éducatrices en garderie et des travailleuses communautaires témoignent dans les médias de leur crainte de contracter le virus, déplorant le peu de mesures et d’équipements de protection dont elles disposent. Dans le milieu de la santé, épuisement, détresse psychologique, impuissance affectent de nombreuses travailleuses. Des directives sanitaires plus ou moins claires, voire incohérentes par moment, peuvent aussi agir comme source de stress, comme en témoigne dans La Presse une éducatrice en service de garde d’urgence : « Je ne comprends pas que les personnes de 60 ans et plus que l’on disait vulnérables ne le sont plus tout d’un coup ».

Les inégalités sociales en temps de crise

La recension d’écrits internationaux réalisée par l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) démontre que les femmes sont plus à risque que les hommes de présenter des séquelles psychologiques à la suite d’une pandémie. Divers sous-groupes de la population s’avèrent aussi plus vulnérables, soit les personnes aînées, les personnes à faible niveau socioéconomique, les groupes ne parlant pas la langue officielle du territoire et les communautés autochtones éloignées.

Des investissements en santé mentale suffisants?

Selon un rapport de l’INESSS paru en 2018, les besoins de la population québécoise en matière de soutien psychologique ne sont pas comblés : l’accès à des services publics est limité et ne parvient pas à répondre à la demande. Devant les listes d’attente qui s’allongent dans le secteur public, les gens qui en ont les moyens se tournent vers le secteur privé. Avec la crise liée à la COVID-19, les besoins en matière d’aide psychologique risquent de s’accroître, comme le prédit Charles Roy, président de l’Association des psychologues du Québec. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé au début du mois de mai un investissement de 31 M $ afin d’améliorer l’accès aux services psychosociaux et en santé mentale Ces ressources sauront-elles répondre aux besoins? La question mérite d’être posée.

Lire aussi : Hausse des symptômes dépressifs et anxieux chez les femmes enceintes

Ce contenu a été préparé par Caroline Déry du Conseil du statut de la femme.

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