En 2020, le nombre de femmes et de filles assassinées au Québec enregistrait une hausse déconcertante. Le contexte de crise sanitaire et les périodes de confinement semblent avoir exacerbé la prévalence de la violence conjugale. Mise à jour de la situation grâce à des données colligées en 2021.
En 2021 comme en 2020, le nombre de femmes et de filles assassinées au Québec est nettement plus élevé qu’il l’était avant la pandémie (tableau 1). De 13 en 2019, ce nombre atteint 24 femmes et filles en 2021. Le nombre total de femmes et de filles tuées par des hommes au Québec pour les années 2020 et 2021 (40) est presque le double du nombre total des années 2018 et 2019 (23). Une recrudescence depuis le début de la pandémie s’observe aussi à l’échelle du Canada, mais de façon plus marquée en 2021 qu’en 2020.
Tableau 1 – Féminicides au Québec et au Canada, de 2018 à 2021
2018 | 2019 | 2020 | 2021 | Variation 2020-2021 | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Nombre | Nombre | Nombre | Nombre | Nombre | % | ||
Femmes et filles tuées | Québec | 16 | 13 | 23 | 24 | + 1 | + 4,2 % |
Canada | 148 | 118 | 160 | 184 | + 24 | + 13,0 % | |
Femmes et filles tuées par des hommes | Québec | 12 | 11 | 21 | 19 | – 2 | – 10,5 % |
Canada | 129 | 89 | 128 | 150 | + 22 | + 14,7 % |
Sources : Observatoire canadien du fémicide pour la justice et la responsabilisation, 2023, 2021, 2020 et 2019.
Les données provisoires du ministère de la Sécurité publique révèlent que le nombre d’infractions commises en contexte de violence conjugale qui sont déclarées par la police atteint un sommet en 2021 : 18 571 femmes en sont victimes, soit 1 788 de plus qu’en 2020 (figure 1). La proportion de femmes parmi les victimes demeure stable, se situant toujours à un peu plus des trois quarts. Ces femmes qui dénoncent ne représentent toutefois que la pointe de l’iceberg, puisque plusieurs situations de violence conjugale restent non déclarées, comme en témoigne l’Organisation mondiale de la santé (2013).
Quant au taux de victimes (soit le nombre de femmes victimes déclaré pour 100 000 femmes), il diminue légèrement de 2019 à 2020, alors que le Québec traverse des périodes de confinement. Il passe de 466 femmes sur 100 000 en 2019, à 463 en 2020, après quoi il grimpe en 2021 à 510 femmes sur 100 000. Autrement dit, en 2021, 1 femme sur 200 au Québec a déclaré à la police une infraction commise en contexte de violence conjugale.
Figure 1 – Nombre de victimes d’infraction contre la personne commise en contexte conjugal déclarées par la police selon le sexe, Québec, de 2016 à 2021
a : Données actualisées
p : Données provisoires
Source : Données du ministère de la Sécurité publique, Institut de la statistique du Québec, 2022.
Ce contenu a été préparé par Thomas Blouin et Mélanie Julien du Conseil du statut de la femme.