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Les violences sexistes : reprendre nos droits

L’engagement associatif sur le front de la lutte

Auteur路e :Sébastien Boulanger

Bandeau :Illustration : © Nadia Morin

Révision linguistique :Révision linguistique : Bla bla rédaction

Épidémie genrée, domination systémique, culture normalisée, aucun superlatif ne traduit avec force vérité les conséquences intimes et sociales réelles des violences sexistes. Selon ONU Femmes, les violences envers les femmes et les filles demeurent la violation des droits de la personne la plus répandue dans le monde : 736 millions de femmes, soit près d’une sur trois, subiront des assauts physiques ou sexuels – ou les deux – au moins une fois dans leur vie. À l’occasion de sa campagne annuelle soulignant les 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, le Conseil du statut de la femme met en lumière 50 ans d’avancées pour reconnaître et éliminer les violences genrées. Il publie dans la foulée plusieurs données qui témoignent de la récurrence de ces tragédies, et un répertoire d’outils de prévention et d’intervention produits par des organismes d’aide en violence conjugale. Sur le front de la lutte contre les violences sexistes, saluons le courage des survivantes, l’engagement de ces associations féministes de défense des droits et l’activisme de celles et ceux qui œuvrent à renverser la honte. Un dossier présenté dans le cadre du 50e anniversaire du Conseil.

L’utilité des maisons d’hébergement pour femmes en difficulté n’est plus à faire. Car si une femme sur dix est battue au Canada, le bassin potentiel de la population québécoise pouvant requérir les services d’une maison s’établit à 207 000 femmes. Sans l’aide de ces maisons, où iraient toutes ces femmes et quel prix il en coûterait alors au gouvernement en services sociaux et de santé?


Claire Bonenfant (1982)
Présidente du Conseil du statut de la femme
(1978 à 1984)

Au début des années 70, des féministes réunies dans une cuisine montréalaise sont déterminées à s’attaquer aux oppressions structurelles vécues par les femmes. En particulier au manque de ressources et aux traitements réservés aux femmes victimes de violences sexuelles. Grâce à ces militantes, un premier centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) voit le jour à Montréal en 1975. Une initiative appelée à fleurir rapidement à travers tout le Québec. La journaliste Hélène Mercier raconte le travail de ces engagées ordinaires, porteuses de ce mouvement pionnier et de cinq décennies de changements extraordinaires.

La violence économique est invisible, méconnue. Elle touche majoritairement les femmes, mais aussi les hommes et les personnes de la diversité sexuelle et de genre. « La violence économique et financière, c’est une prise de contrôle, un acte d’isolement ou de domination d’une personne, en la privant de son autonomie financière », affirme Anath Barwane, chargée de projets en éducation financière. Miriane Demers-Lemay discute avec des personnalités qui travaillent à déconstruire le tabou qui entoure le rapport des femmes à l’argent, et à promouvoir la littératie financière.

Les violences rongent toutes les couches et classes sociales. Mais les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre y sont particulièrement vulnérables. Microagressions, homophobie, transphobie, elles sont nombreuses à vivre ces violences dans l’ombre. En plus d’un accès restreint à des services appropriés, plusieurs signalent des violences supplémentaires lorsqu’elles cherchent de l’aide. Pour mieux soutenir les personnes LGBTQ+, il importe de mobiliser, informer et éduquer le personnel d’intervention, et de travailler à rendre les organismes d’aide plus inclusifs et représentatifs de ces communautés et de leurs réalités. Un texte de Mélina Nantel.

« Au-delà des discours, il faut se donner les moyens. Qu’on donne à ces femmes le temps de raconter leur histoire. » Ces paroles sont celles de Louise Riendeau, coresponsable des dossiers politiques au Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale. Depuis trois décennies, la criminologue de formation œuvre activement au sein de ce réseau pour défendre le droit des femmes à l’intégrité physique et psychologique, et à une vie libre et harmonieuse. Portrait d’une infatigable militante par Charles-Édouard Carrier.

Dans une courte fiction-réalité, Yasmine Berthou donne la parole à « celle de plus ». À cette autre victime, morte pour rien, deux jours et des poussières après sa prédécesseure. Car ainsi va l’histoire. L’Histoire avec un grand H qui, encore aujourd’hui, nous impose d’affirmer avec force : pas une de plus. Parce que la solution est collective pour toutes… et tous.

Enfin, à l’occasion des 50 ans du Conseil, le magazine Gazette des femmes passe le bâton de parole aux jeunes. L’objectif? Recueillir les aspirations, les préoccupations et les rêves d’une génération montante, d’une jeunesse engagée qui porte un regard lucide sur les réalités complexes qui la touchent. Livia Hangan est née en Moldavie. Elle pose ses valises au Québec avec sa famille à l’âge de 7 ans. Passionnée de philosophie, de littérature et d’histoire, la jeune femme de 20 ans partage avec nous ses réflexions sur les cyberviolences, un phénomène inquiétant et omniprésent.

Bonne lecture.

Besoin d’aide?
Vous sentez votre sécurité menacée?

N’hésitez pas à faire appel à des ressources d’accompagnement comme un centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS) de votre région, SOS violence conjugale (disponible 24 h sur 24, 7 jours sur 7), le centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), une maison d’hébergement, Info-aide violence sexuelle, L’R des centres de femmes du Québec ou notre Répertoire d’outils en violence conjugale. En cas de besoin immédiat, contactez la police en composant le 911.

12 jours d'action contre les violences faites aux femmes 2023/